Le testament de St Rémi

Vie de St Rémi, selon Nominis

Né vers 437, mort vers 533.

Issu d’une grande famille gallo-romaine de la région de Laon, il avait pour mère sainte Céline. A 22 ans, il est choisi comme évêque de Reims et son activité missionnaire s’étend jusqu’à la Belgique. Il fonde les diocèses de Thérouanne, Laon et Arras, crée tout un réseau d’assistance pour les pauvres et joue un rôle de médiateur auprès des Barbares.

Quand le chef franc Clovis prend le pouvoir, saint Rémi lui envoie un message « Secourez les malheureux, protégez les veuves, nourrissez les orphelins… Que votre tribunal reste ouvert à tous et que personne n’en sorte triste ! Toutes les richesses de vos ancêtres, vous les emploierez à la libération des captifs et au rachat des esclaves. Admis en votre palais, que nul ne s’y sente étranger ! Plaisantez avec les jeunes, délibérez avec les vieillards ! »

La reine sainte Clotilde, tout naturellement, se tournera vers saint Rémi et vers un autre évêque contemporain, saint Vaast, pour acheminer le roi vers la foi. Après le baptême et le sacre de Reims, saint Rémi restera, jusqu’à sa mort, l’un des conseillers écoutés du roi et sera l’un des artisans, en Gaule, du retour à la vérité catholique des Burgondes après la bataille de Dijon et des Wisigoths à Vouillé, deux populations contaminées par l’arianisme.

Après soixante quatorze années d’épiscopat et la conversion du peuple des Francs au Christ, il rend son âme à Dieu.

Il reste célèbre pour son testament.

Testament de Saint Rémi

Il existe deux versions du testament qui sont attestées au IXè siècle par Hincmar et Flodoart. Ce dernier cite Charles le Chauve à travers un document officiel envoyé à Hincmar, sur la restitution des ressources de l’évêché (Flodoardi Historia Remenensis Ecclesiae). Sa sainteté le pape Saint Pie X le cite dans un phrase adressée aux français:

 » Vous devez dire aux Français qu’ils fassent leurs trésors des Testaments de Saint Remi, de Charlemagne, de Saint Louis, qui se résument par ces mots si souvent répétés par l’Héroïne d’Orléans : Vive le Christ qui est Roi des Francs ! »

« À ce titre seulement la France est grande parmi les nations. À cette clause, Dieu la protégera et la fera libre et glorieuse. À cette condition, on pourra lui appliquer ce qui, dans les Livres Saints, est dit d’Israël : Personne ne s’est rencontré qui insulte ce peuple sauf quand il s’éloigne de Dieu « 

Saint Pie X, le 13 décembre 1908, lors de la lecture du décret de béatification de Jeanne d’Arc, à Monseigneur Touchet, évêque d’Orléans

La portée de ce texte est donc reconnue comme historique par un pape du début XXè siècle et par un roi du début IXè siècle. L’authenticité indiscutable de ce document capital pour notre Histoire a été prouvée par l’Abbé Dessailly, de l’Académie de Reims, dans un ouvrage fondamental et décisif sur la question: « L’authenticité du grand Testament de Saint Rémi », publié au siècle dernier, chez Dumoulin, à Paris.

Voici son contenu:

Que le présent testament que j’ai écrit pour être gardé respectueusement intact par mes successeurs les évêques de Reims, mes frères, soit aussi défendu, protégé partout envers et contre tous, par mes très chers fils les rois de France par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit.

Qu’en tout et toujours il garde la perpétuité de sa force et l’inviolabilité de sa durée…

Mais par égard seulement pour cette race royale qu’avec tous me frères et coévêques de la Germanie, de la Gaule et la Neustrie, j’ai choisie délibérément pour régner jusqu’à la fin des temps, au sommet de la majesté royale pour l’honneur de la Sainte Église et la défense des humbles.

Par égard pour cette race que j’ai baptisée, que j’ai reçue dans mes bras ruisselante des eaux du baptême: cette race que j’ai marquée des sept dons du Saint-Esprit, que j’ai ointe de l’onction des rois, par le Saint Chrême du même Saint-Esprit; j’ai ordonné ce qui suit:

Si un jour cette race royale que j’ai tant de fois consacrée au Seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile; envahissait ses Églises, les détruisait, les dévastait: Que le coupable soit averti une première fois par tous les évêques réunis du diocèse de Reims. Une deuxième fois par les églises réunies de Reims et de Trêves. Une troisième fois par un tribunal de trois ou quatre archevêques des Gaules. Si à la septième monition il persiste dans son crime, trêve à l’indulgence! Place à la menace! S’il est rebelle à tout, qu’il soit séparé du corps de l’Église, par la formule inspirée aux évêques par l’Esprit-Saint: parce qu’il a persécuté l’indigent, le pauvre, au cœur contrit; parce qu’il ne s’est point souvenu de la miséricorde; parce qu’il a aimé la malédiction, elle lui arrivera; et n’a point voulu de la bénédiction, elle s’éloignera. Et tout ce que l’Église à l’habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les églises le chantent de ce roi infidèle. Parce que le Seigneur a dit: « Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à Moi que vous l’avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c’est à Moi que vous ne l’avez pas fait.Qu’à la malédiction finale on remplace seulement, comme il convient à la personne, le mot épiscopat par le mot royauté: Que ses jour soient abrégés et qu’un autre reçoive sa royauté! Si les archevêques de Reims, mes successeurs, négligent ce devoir que je leur prescris, qu’ils reçoivent pour eux la malédiction destinée au prince coupable: que leurs jours soient abrégés et qu’un autre occupe leur siège. »

« Si Notre-Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en sa présence, spécialement pour la persévérance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la Sainte Église de Dieu. Qu’aux bénédictions de l’Esprit-Saint déjà répandues sur la tête royale s’ajoute la plénitude des bénédictions divines! Que de cette race sortent des rois et des empereurs (Comme les Rois de France ont été fidèles! Le nombre des couronnes que leur race a portées est là pour le prouver, la Race Royale de France a régné en effet en France, en Lorraine, en Allemagne, en Hongrie, en Pologne, en Savoie, en Italie, à Constantinople, en Espagne, à Parme, à Naples, en Sicile, au Portugal, en Autriche, au Brésil, etc…) qui, confirmés dans la vérité et la justice pour le présent et pour l’avenir suivant la volonté du Seigneur pour l’extension de la Sainte Église, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s’asseoir sur le trône de David dans la céleste Jérusalem où ils régneront éternellement avec le Seigneur. Ainsi soit-il. »

Ce testament signé du grand évêque le fut également par six autres évêques et d’autre Prêtres. Trois de ces évêques sont réputés pour leur sainteté: Saint Vedast, évêque d’Arras, Saint Médard, évêque de Noyon, Saint Loup, évêque de Soissons. Ils le signèrent sous la formule suivante:

« X…, évêque. Celui que mon Père Rémi a maudit, je le maudis, celui qu’il a béni, je le bénis. et j’ai signé. »

Saint Rémi, Testament rapporté par Flodoard, IXè siècle.

Et Baronius, le savant Cardinal, après onze siècles d’expérience, de constater:

« Malgré les crimes de ses Rois, le Royaume de France n’a jamais passé sous une domination étrangère et le peuple Français n’a jamais été réduit à servir d’autre Peuples. »

Cardinal Baronius, Annales Ecclesiastici, tome VI, Bibl. Nation. H. 106, p. 635 et 636.

C’est cela qui a été accordé par une promesse divine, aux prières de Saint Rémi, suivant la parole de David :

« Si ses fils abandonnent ma loi et ne suivent pas mes volontés, s’ils osent violer mes préceptes et ne gardent pas mes commandements, je punirai leur faute en les frappant, et je châtierai leur révolte, mais sans lui retirer mon amour, ni démentir ma fidélité. »

Psaume 88

Références:

-Migne, t. 135, p. 60 à 68. Flodoard, Historia Remensis Ecclesiae, lib. I. ch. XVIII, Testamentum ab ipso editum

-Caesar Baronius, Annales Ecclesiastici, tome VI, Bibl. Nation. H. 106, p. 635 et 636.

-Flodoardi Historia Remensis Ecclesiae, Flodoard

-La Mission Divine de la France, André Lesage marquis de la Franquerie, 1924

-La Bible de Jérusalem, Livre des psaumes, Psaume 88, 31-34

-Site du Christ Roi: https://www.christ-roi.net/index.php/Testament_de_Saint_R%C3%A9mi, consulté le 13/06/2023.